Tout savoir sur les geisha

Les geishas sont l’un des symboles les plus captivants du Japon. Ces dames de compagnie et artistes accomplies avec leur apparence iconique sont reconnaissables entre toutes grâce à leur maquillage, leur coiffure, leur kimono et bien d’autres choses encore. Pourtant, une grande partie du mode de vie et des responsabilités d’une geisha reste entourée de mystère et de nombreuses idées fausses sur la profession nuisent à son image. Pour vous aider à faire la lumière sur ce monde secret, voici toutes les choses à savoir sur les geishas qui ne manqueront pas de vous surprendre !

Qu’est-ce qu’une geisha ?

Une geisha est une artiste féminine japonaise engagée pour divertir les invités dans les salons de thé et les événements sociaux. Au cours de ces événements, les geishas chantent, dansent, jouent de la musique, organisent des cérémonies du thé et servent de la nourriture et des boissons tout en engageant une conversation animée avec les invités. La signification de “geisha” vient de deux caractères kanji : “gei” (芸), qui signifie arts ou divertissement et “sha” (者), qui signifie personne. Le mot peut se traduire par “personne des arts”.

Une femme qui souhaite devenir une geisha doit d’abord faire un apprentissage où elle apprendra les nombreuses compétences requises pour ce rôle. Une apprentie geisha est appelée “maiko” et son apprentissage dure environ cinq ans. Pour devenir une geisha, les maiko prennent des leçons de chant, de danse et de musique. Elles apprennent aussi l’art de la conversation ainsi que les techniques d’accueil formelles attendues d’une geisha.

Les différents types de geisha

geisha japon

Si le mot “geisha” est très connu, il ne s’agit en fait que de l’un des termes utilisés pour désigner les artistes féminines traditionnelles du Japon. Bien qu’il soit désormais largement accepté comme la norme, le terme “geisha” était à l’origine réservé aux artistes de Tokyo. À Kyoto, les geishas sont appelées “geiko” et partage le même kanji “gei” (芸) que geisha. Mais le deuxième caractère est remplacé par “ko” (子), qui signifie enfant ou jeune personne. Dans les villes occidentales de Niigata et Kanazawa, les geishas sont appelées “geigi”, “gi” (妓) signifiant “femme artistique”. Malgré les différents noms, tous se réfèrent toujours à ce qui est communément vu comme des geishas.

Les geisha existent encore au Japon de nos jours

geisha kyoto

Bien que le nombre de geishas au Japon ait diminué depuis l’âge d’or de la fin de la période Edo (1603-1867), on estime qu’il y a encore environ 600 geishas qui travaillent au Japon aujourd’hui. Malgré des carrières plus stables, certaines jeunes femmes sont toujours attirées par l’attrait de cette activité hautement estimée au pays du soleil levant. Aujourd’hui, près de la moitié des geishas du Japon vivent et travaillent à Kyoto. Cependant, il reste encore quelques quartiers de geishas à Tokyo, Kanazawa, Niigata et Hachioji. Les quartiers de geishas sont connus sous le nom de “hanamachi” (qui signifie “ville fleurie”) et ont été créés au XVIIe siècle lorsque des lois ont été adoptées pour limiter certaines formes de divertissement dans des quartiers spécifiques.

Le hanamachi le plus célèbre du Japon est celui de Gion à Kyoto où subsistent un certain nombre de maisons d’hébergement de geishas “okiya”. Le quartier est populaire auprès des touristes et constitue l’un des meilleurs endroits pour voir les geishas modernes. Les ruelles étroites et pleines d’ambiance de Ponto-cho et Kamishichiken, au nord-ouest, sont deux des autres hanamachi restants de Kyoto. Kanazawa compte trois hanamachi, le plus célèbre étant l’historique “Higashi Chaya”. Parmi ces vieilles rues se trouve “Ochaya Shima”, une magnifique maison de thé construite en 1820 qui accueillait autrefois des représentations de geishas et qui est maintenant ouverte au public. Tokyo compte six quartiers hanamachi, dont les plus importants sont Asakusa et Kagurazaka.

Les apprenties geishas sont appelée maiko

poupée geisha

Une apprentie geisha est appelée “maiko” / “meiko”. Il faut environ cinq ans de formation à une maiko pour devenir une geisha à part entière. Le mot “maiko” signifie “femme de la danse” et aujourd’hui, leur parcours commence généralement vers l’âge de 15 ans, peu après avoir obtenu leur diplôme du collège. En général, une future maiko fait une demande pour commencer un apprentissage dans une “okiya”, un établissement qui appartient et qui est dirigée par une femme chef de maison appelée “okaasan” (ce qui signifie “mère”). Au cours de sa période de formation, la maiko apprendra un large éventail de compétences pour divertir ses futurs invités, comme jouer des instruments traditionnels japonais tels que le shamisen et le koto, ainsi que chanter, danser et apprendre l’art de la cérémonie du thé japonaise.

Outre les performances, les maiko étudient d’autres éléments de la culture japonaise traditionnelle, notamment la calligraphie, l’art floral, la poésie et la littérature. Elles assistent aussi à des événements avec des geishas établies afin d’apprendre l’étiquette à respecter pour recevoir. Lorsqu’une meiko a terminé son apprentissage vers l’âge de 20 ans, elle devient une geisha. Cet événement est marqué par une cérémonie appelée “erikae”, qui signifie “tourner le col”, au cours de laquelle elle porte enfin le kimono et la perruque élaborée qui caractérisent les geishas.

Le look d’une geisha repose sur une sérieuse routine de maquillage

Si un œil non averti peut avoir du mal à différencier les meiko et les geisha, il existe plusieurs indices visuels qui permettent de les distinguer du premier coup d’oeil. La première différence réside dans leur maquillage, les maiko et les geisha étant autorisées à appliquer du makeup de différentes manières pour révéler leur statut. Cela commence par le rouge à lèvres : les maiko juniors n’appliquent du rouge à lèvres que sur la lèvre inférieure, tandis que les maiko seniors peignent une fine ligne rouge autour des lèvres supérieure et inférieure. Les lèvres d’une geisha sont entièrement peintes et elles portent souvent un peu moins d’oshiroi que les maiko.

Les cheveux et la coiffure sont un autre moyen de distinguer une maiko d’une geisha. Les meiko portent un certain nombre de coiffures traditionnelles appelées “nihongami” qui sont réalisées à partir de leurs propres cheveux naturels. Une maiko aura généralement plusieurs coiffures différentes au cours de son apprentissage, ce qui dénote souvent son rang ou son ancienneté. La coiffure la plus courante pour les meiko est le “momoware” qui consiste en un chignon à l’arrière de la tête, bien que cette coiffure change progressivement avec l’âge. Les geishas, quant à elles, portent des perruques élaborées, faites de vrais cheveux, appelées “katsura”. Elles sont conçues dans le style “shimada” où les cheveux sont travaillés pour former un nœud supérieur au sommet de la tête.

coiffure geisha

Les meiko et les geisha ornent aussi leur coiffure d’une variété d’épingles à cheveux et d’ornements qui pendent des cheveux, appelés “kanzashi”. Les kanzashi portés par les maiko sont souvent très élaborés, larges et souvent décorés d’or ou de bijoux. Les kanzashi portés par les geishas sont écoratifs mais souvent beaucoup plus petits et plus raffinés et discrets.

Il est aussi possible de distinguer une maiko et une geisha par leur kimono. Les kimonos des geishas sont souvent sobres et chics, avec des manches plus courtes et un petit obi (ceinture). Les maiko, quant à elles, portent un type de kimono “furisode” aux manches plus longues, avec de jolis motifs colorés et un obi plus grand. Les maiko portent des chaussures ressemblant à des sandales appelées “okobo” ou “pokkuri geta” dont la semelle est plus épaisse tandis que les geisha opteront pour des sandales “geta” ou “zori” plus ordinaires.

Les geisha ne sont pas des travailleuses du sexe

On croit souvent et à tort que les geishas jouent le rôle de prostituées. Les geishas ne couchent pas avec leurs clients, même si cela s’est produit dans certains cas pendant la période Edo. Cette idée, ainsi que quelques autres inexactitudes historiques, ont conduit de nombreuses personnes à croire que les geishas sont des travailleuses du sexe. Pour que les choses soient claires, les geishas sont des artistes de spectacle et ne se livrent pas à des actes sexuels avec leurs invités ou clients. Certaines de ces idées fausses peuvent provenir des éléments suivants :

Yukaku

Au XVIème siècle, le shogunat a autorisé la création de “yukaku”. Il s’agissait de quartiers rouges où diverses formes de divertissement pouvaient être proposées à la classe marchande naissante du Japon et où la prostitution était légale. De nombreux anciens quartiers de yukaku deviendront des hanamachi, ou quartiers de geishas.

Dans ces quartiers des plaisirs émergeait une catégorie de courtisanes de haut rang appelée “oiran”. Presque à l’image des geishas, les oiran étaient hautement qualifiées et divertissaient des clients issus des rangs supérieurs de la société japonaise par des spectacles de chant, de danse et de conversation spirituelle. Les oiran se livraient de plus à la prostitution, bien que le coût très élevé de leurs services les rendait inaccessibles à tous, sauf aux personnes très riches.

Mizuage

Bien qu’il soit interdit aux geishas d’avoir des relations charnelles avec leurs clients, la pratique du “mizuage” n’était pas si inhabituelle dans le passé. Dans le cadre du mizuage, les clients se disputaient le droit de prendre la virginité d’une meiko, ce qui était considéré comme faisant partie de la cérémonie de passage à l’âge adulte et de l’accession au rôle de geisha. L’enchère finale était versée à la maison d’hébergement de la meiko et celle-ci ne recevait pas d’argent de cet arrangement. Bien qu’elle ne soit pas universelle, cette pratique était assez répandue jusqu’à ce qu’elle soit interdite par l’adoption d’une loi anti-prostitution au Japon en 1956.

Les “geishas girls”

Une autre raison pour laquelle certains pensent que les geishas sont des travailleuses du sexe vient des “geisha girls”. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, de nombreuses prostituées vêtues de kimonos se sont présentées comme des “geishas” aux forces d’occupation étrangères stationnées au Japon. En conséquence, le mot “geisha” est devenu synonyme de prostitution au Japon.

Les geishas vivent traditionnellement dans une Okiya

Les meiko et les geisha vivent dans des maisons d’hébergement appelées “okiya” dirigées par la mère de la maison, “okaasan”. Toutes les meiko et les geisha doivent être enregistrées auprès d’une okiya. L’okaasan se charge de la formation, de la nourriture et de la pension des meiko, ainsi que de leur garde-robe en kimono. Comme ces coûts s’accumulent, tous les gains réalisés par la meiko pendant son apprentissage iront directement à l’okaasan et seule une petite allocation sera versée à l’apprentie geisha. Une fois qu’une geisha a remboursé ses dettes, elle est autorisée à garder l’argent qu’elle gagne.

Après avoir obtenu son diplôme, une geisha qui a réussi peut décider de vivre dans sa propre maison dans le hanamachi en dehors de l’okiya, bien que certaines choisissent de rester. Bien qu’elles vivent dans l’okiya, les maiko et les geisha reçoivent souvent leurs invités dans une maison de thé, dont l’arrangement est fait avec l’okaasan. Même si elles vivent à l’extérieur, les geishas retournent dans leur okiya pour se préparer avant un spectacle. Les okiya sont toujours dirigées par des femmes, dont la plupart sont des geisha à la retraite qui reprennent le rôle d’okaasan lorsque le précédent chef de maison prend sa retraite.

Les touristes peuvent être divertis par les geishas

geisha artiste

Il n’est pas facile de trouver une geisha pour un banquet. Il faut souvent être recommandé par un client existant d’un okiya avant qu’une okaasan n’envisage d’organiser une représentation. C’est aussi loin d’être accessible en termes de prix, quelques heures en compagnie d’une geisha pouvant coûter plusieurs centaines d’euros, sans compter le coût de la nourriture et des boissons. Toutefois, les geishas ont évolué et proposent désormais bon nombre de spectacles que les touristes peuvent réserver, surtout à Kyoto. Plusieurs sites d’excursions proposent divers forfaits pour assister à des spectacles de maiko ou dîner avec elles. Notez que ce sont généralement les meiko qui sont envoyées pour se mêler aux touristes, et non les geisha.

L’une des meilleures façons de voir les geishas à Kyoto est de participer aux cinq festivals de danse “odori” qui se tiennent dans les théâtres de Kyoto à différentes périodes de l’année. Au cours de ces spectacles, les meiko et les geisha de différentes okiya se produisent ensemble sur scène. Le plus célèbre d’entre eux est le Miyako Odori qui a lieu en avril depuis 1873. Chacune des représentations odori dure plusieurs semaines et il y a souvent deux ou trois représentations par jour, selon le festival. Les billets varient entre 3000 et 5000 yens (entre 22 et 37 euros) et peuvent être réservés en ligne sur le site web de chaque théâtre.

Vous pouvez assister à des spectacles traditionnels donnés par des maiko et des geishas locales au Kamishichiken Kabukai qui se trouve dans le plus ancien quartier de geishas de Kyoto. En été, le théâtre accueille un jardin à bière où les boissons sont servies par des geishas. Plusieurs hôtels proposent des spectacles de geishas, comme le dîner avec des maiko au Gion Hatanaka Ryokan. Des représentations traditionnelles de danses “kyo-mai” par des meiko peuvent aussi être appréciées au Gion Corner dans le Yasaka Hall à Gion.

Les geishas sont payées à l’heure

De nos jours, les honoraires d’une geisha sont calculés à l’heure. Mais pendant la période Edo, le temps était facturé en fonction de la durée de combustion d’un seul bâton d’encens, un processus connu sous le nom de “senkodai”. La somme d’argent que gagne une geisha dépend de sa popularité et du nombre d’heures qu’elle travaille, les geishas les plus demandées pouvant facturer davantage à l’heure. Par conséquent, devenir une geisha est une profession instable sans revenu régulier garanti. Comme nous l’avons déjà mentionné, les apprenties geishas ne reçoivent aucun salaire, à l’exception de l’allocation versée par leur okiya. Ce n’est que lorsqu’elles obtiennent leur diplôme et qu’elles ont remboursé leurs dettes qu’elles peuvent conserver l’argent qu’elles gagnent.

Certaines geishas avaient l’habitude de n’avoir qu’un seul client.

geisha

Dans le passé, certaines geishas étaient soutenues financièrement par des mécènes appelés “danna”. Le danna payait la quasi-totalité du train de vie de la geisha, comme ses vêtements, ses bijoux et ses frais de subsistance. Comme le financement d’un style de vie aussi extravagant est coûteux, un danna était un homme très très riche. En échange de son mécénat, une geisha s’engage exclusivement auprès de son danna et ne peut être engagée par personne d’autre. Si un lien romantique pouvait parfois se développer entre la geisha et le danna, il était beaucoup plus courant que la relation reste purement platonique. Être un danna conférait un statut social élevé et était un signe d’extrême richesse.

Aujourd’hui, les danna sont beaucoup plus rares. Non seulement le coût du financement d’une geisha dépasse les moyens de tous, mais la plupart des geishas modernes ne veulent pas s’engager auprès d’un seul client. Elles préfèrent plutôt la flexibilité de pouvoir divertir plusieurs clients et avoir le contrôle de leur carrière et de leurs horaires de travail. Par ailleurs, de nombreuses geishas modernes souhaitent conserver la possibilité de quitter la profession si elles le désirent. Bien qu’il n’y ait pas d’âge de retraite obligatoire pour les geishas, elles doivent renoncer à leur rôle si elles souhaitent se marier. Le fait d’être liée à un mécène rend bien entendu les choses beaucoup plus compliquées.

Les geishas était à l’origine des hommes

Difficile à croire aux premiers abords mais les toutes premières geishas étaient des hommes. Avant que la geisha ne devienne ce que nous connaissons aujourd’hui, le premier groupe d’artistes japonais était composé d’hommes, les “taikomochi” ou “hokan”. Ces rôles se sont développés à partir de ce que nous pourrions appeler des saltimbanques qui divertissaient les seigneurs féodaux du Japon en dansant et en racontant des histoires.

Au XVIIème siècle, leur rôle a changé. N’ayant plus besoin de divertir les seigneurs, les geishas se sont déplacées vers les quartiers de plaisance pour se produire devant le grand public. C’est à cette époque que le terme geisha a commencé à être appliqué aux taikomochi. Au milieu du 18e siècle, les geishas féminines ont commencé à se produire dans ces quartiers de plaisir et c’est à ce moment-là que le terme “geiko” est apparu. La popularité des geiko a rapidement dépassé celle de leurs homologues masculins et au début du XIXème siècle, la grande majorité des geishas étaient des femmes. Les taikomochi ont dû évoluer à nouveau, jouant désormais un rôle de soutien auprès de la principale geisha féminine. Avec la domination des geishas, le nombre de taikomochi au Japon a continué à diminuer. Aujourd’hui, on estime qu’il n’en reste qu’une poignée au Japon.

Il a existé beaucoup de geishas étrangères

geishas japonaises Kyoto

Bien que les geishas soient un symbole du pays des cerisiers en fleur, bon nombre de femmes non japonaises ont également réussi à devenir des geishas. Elles venaient surtout de Chine, de Roumanie, d’Ukraine et du Pérou. La geisha non japonaise la plus célèbre est sans doute Liza Dalby, une anthropologue américaine qui s’est rendue au Japon en 1975 pour étudier le monde des geishas et a suivi la formation requise à Kyoto.

Bien qu’elle n’ait pas pu obtenir officiellement le titre de geisha en raison de la nature de son séjour au Japon, Liza Dalby a participé à des événements et des rassemblements sous son nom d’emprunt, Ichigiku. Dalby a noué des liens étroits avec de nombreuses geishas pendant son séjour au Japon et est devenue une autorité en la matière. Elle a beaucoup écrit sur l’histoire et les traditions des geishas japonaises et a participé activement à la réalisation du livre et du film “Mémoires d’une geisha”.

Les geishas, une icône reconnue du Japon

Depuis leurs débuts jusqu’à aujourd’hui, les geishas sont restées des symboles bien-aimés mais quelque peu incompris du Japon. Bien qu’il y ait beaucoup moins de geishas travaillant au Japon aujourd’hui qu’à la fin de la période Edo, il y a encore beaucoup de jeunes femmes prêtes à apprendre la culture et les coutumes des geishas et à faire partie de l’histoire et de la tradition japonaises.