Pendant de nombreux siècles, les guerriers samouraïs se sont battus pour la terre et le pouvoir sur les îles du Japon au nom du daimyo, du shogun ou de l’empereur. Au cours de cette période, les guerriers samouraïs ont développé leurs propres codes moraux une culture et un mode de vie dont les enseignements sont encore visibles aujourd’hui dans le Japon moderne.
A l’échelle internationale, l’image du samouraï n’est pas vraiment perçue à travers les enseignements du code du bushido (la voie du guerrier). Cette image est avant tout symbolisée, peut-être plus que tout autre guerrier de l’histoire, par l’armure que le guerrier portait. Les armures des samouraïs sont fabriquées de manière si complexe et unique qu’elles sont capables de raconter l’histoire de ces combattants dans les moindres détails, faisant de ces pièces anciennes un véritable aperçu de l’histoire mouvementée du Japon.
De quoi était faite l’armure d’un samouraï et comment était-elle portée ? Nous nous penchons sur les pièces finement forgées et magnifiquement travaillées qui composaient ce costume emblématique des champs de bataille du pays du soleil levant.
Qu’est-ce qu’une armure samurai ?
L’armure des samouraïs comporte de nombreuses variations et ajouts différents. Les pièces qui constituaient la protection d’un samouraï au combat étaient toutes complexes et fabriquées pour un usage spécifique, tant pour le symbolisme et l’image qu’elles projetaient que pour la protection qu’elles pouvaient offrir au combat.
À cet égard, l’armure d’un samouraï est unique de la tête aux pieds pour ce guerrier et racontait son histoire ainsi que celle du clan pour lequel il se battait.
L’armure traditionnelle comprend le kabuto (casque), le dou (armure principale du torse), le kusazari (armure des jambes), le kote et le kogake pour les bras et enfin, peut-être la pièce la plus emblématique de toutes, le sabre katana. Au cours des siècles de guerre civile et de conflits qui ont embrasé le Japon, les samouraïs des différents clans ont modifié et changé leur armure. Cela incluait l’ajout de pièces supplémentaires telles que le menpo (mentonnière). Regardons maintenant en détail chaque pièce de cette armure reconnaissable entre mille.
Le casque
La pièce la plus distinctive et la plus reconnaissable de l’armure du samouraï est sans doute le casque ou kabuto en japonais. Le design unique du casque du guerrier japonais le rend tout de suite reconnaissable en tant que samouraï et symbolise l’habileté et l’artisanat complexes qui ont présidé à la conception de chaque armure.
Au début de l’histoire du Japon, ces casques étaient généralement en cuir. Plus tard, ils ont évolué avec une conception en fer, un rembourrage en cuir et même des écailles en fer afin de dévier les flèches ou les katana. Le casque d’un samouraï était souvent surmonté d’un écusson pour montrer son allégeance et pour quel seigneur il se battait.
Comme dans d’autres cultures, le casque était une partie très importante de l’armure du samouraï, tant sur le plan physique que spirituel. Il existe d’ailleurs un vieux dicton japonais “Katte kabuto no o wo shimeyo” qui signifie “resserrez les cordes de votre kabuto dans la victoire” (ce qui pourrait être compris en français par “ne vous reposez pas sur vos lauriers”). De même, l’acte symbolique d’enlever un casque signifiait se rendre à l’ennemi et abandonner le combat.
Les casques kabuto comportaient souvent un ajout de menpo, une mentonnière qui pouvait être fixée par deux crochets sur le côté du casque kabuto. À l’origine, les protège-menton menpo n’étaient guère plus que des mentonnières. Mais à mesure que la conception des armures de samouraïs devenait de plus en plus sophistiquée, les menpo commençaient à avoir leurs propres motifs, notamment ceux qui couvraient toute la bouche et étaient sculptés en motifs particulièrement effrayants sur le visage pour impressionner les ennemis.
L’amure de corps
L’armure du torse était l’un des plus grands articles que portait un samouraï. Le plastron différait de ses homologues européens en ce sens qu’il était principalement conçu pour la mobilité et pour protéger le torse du samouraï au combat sans entraver ses mouvements. Alors que les chevaliers d’Europe préféraient des plaques métalliques plus épaisses et plus lourdes pour se protéger, le plastron ou la plaque de poitrine du samouraï était souvent composé de cuir, et plus tard d’écailles ou de plaques de fer. L’effet d’écailles conférait à l’armure une durabilité tout en créant une résistance qui protégeait des coups violents.
L’armure était souvent recouverte d’une laque afin de la rendre résistante aux intempéries et de ne pas l’endommager ou l’affaiblir lorsqu’elle était exposée aux éléments.
Les jambières
Le kusazari est une autre pièce d’armure propre aux guerriers japonais. Ces plis de l’armure en cotte de mailles destinée à protéger les cuisses et le haut des jambes donnent l’apparence d’une jupe qui était portée sous le dou. Cet aspect de l’équipement de combat du samouraï était un moyen ingénieux de protéger les jambes d’un cavalier contre les coups lorsqu’il montait son cheval au combat.
Les bras d’armure
Les pieds et les mains des samouraïs étaient dotés de protections individuelles spécialement conçues et fabriquées à cet effet. La fonction principale était de permettre au samouraï d’être léger sur ses pieds tout en les protégeant des blessures. Et pour ses mains, celui lui permettait de manier son katana avec un effet dévastateur tout en ayant les moyens de se protéger de la contre-attaque d’un autre guerrier.
Les protections de bras en kote étaient des tubes cylindriques de tissu qui étaient ensuite renforcés par une cotte de mailles et des plaques d’armure pour plus de solidité. Ils protégeaient le samouraï du coude au doigt. À l’origine, durant la période Kamakura, les samouraïs n’utilisaient cette armure que pour couvrir un seul de leurs bras, afin de pouvoir tirer sans problème des flèches de leurs arcs. Cela a toutefois changé lorsque le katana est progressivement devenu l’arme de prédilection des samouraïs.
Les pointes de flèche
Bien que l’image traditionnelle du samouraï soit celle d’un guerrier armé d’un sabre, le tir à l’arc a aussi joué un rôle clé dans la compétition entre les clans ennemis tout au long de l’histoire du Japon. L’art du kyudo est devenu l’un des principes clés des samouraïs pour inculquer la concentration et la discipline.
Les Yabusame étaient des archers samouraïs montés qui jouaient souvent un rôle décisif dans les tactiques des commandants militaires. Et bien que l’arrivée des armes à feu ait entraîné un déclin de l’efficacité des archers sur le champ de bataille, la tradition samouraï du tir à l’arc est encore célébrée de nos jours par des représentations lors de l’Aoi Matsuri annuel.
Le katana
La dernière partie de l’armure d’un samouraï est peut-être la plus importante de toutes. Le katana est considéré non seulement comme un symbole du guerrier samouraï, mais aussi comme un symbole du Japon dans son ensemble. L’utilisation officielle de l’épée japonaise par les soldats a commencé à l’ère Kamakura (1185-1333) et n’a cessé de croître en popularité en tant qu’arme de guerre bien que l’utilisation d’épées soit documentée bien avant dans l’histoire du Japon.
À la fin de l’ère Kamakura, une industrie entière s’est développée autour de la création du katana. Des forgerons rivaux se disputaient la réputation de créer les meilleures épées et la qualité et la conception de nombre de ces créations n’ont cessé de croître au sein de ces artisans très compétents.
Le katana était considéré comme une arme de guerre si importante qu’un système de combat complet (le kendo) a été conçu pour former les samouraïs à son utilisation. Le 15e siècle a vu le début de la production de masse du katana. De nombreux fantassins des différentes armées étaient équipés de katanas de faible qualité et de conception simple.
Cependant, l’invention de l’acier a entraîné un nouveau développement de la popularité du sabre. De plus en plus, les samouraïs de la noblesse ont cherché à faire fabriquer leurs katanas sur mesure, ce qui a donné naissance à des modèles parmi les plus complexes et les plus uniques. Si bien qu’aujourd’hui encore, un katana ancien peut souvent être associé au samouraï auquel il a appartenu et aux batailles auxquelles il a participé.
Pour beaucoup, le katana désigne le sabre du samouraï dans son ensemble. Mais le katana ne désigne en fait que la lame elle-même. Le sabre complet est le katana avec le garde-main appelé tsuba. Le tsuba lui-même était souvent l’une des pièces les plus délicatement créées et décorées du sabre, avec de nombreux dessins et motifs différents. Certains des tsubas les plus élaborés étaient même sculptés en forme d’animaux tels que des dragons.
Pour de nombreux pays, les armes et armures utilisées par leurs guerriers au cours de l’histoire sont de fières reliques du passé du pays. Cependant, il n’existe aucun autre pays où l’image d’une armure évoque tout de suite l’image d’une nation que l’armure de samouraï pour le Japon. Dans toutes ses subtilités, son souci du détail et ses pièces fonctionnelles, l’armure de samouraï raconte véritablement l’histoire d’une nation comme aucune autre.