Poupée japonaise

Les poupées japonaises sont un élément essentiel de la culture du pays du soleil levant. Il y a même un festival qui leur est consacré chaque printemps ! Connues en japonais sous le nom de ningyo (ou forme humaine en français), elles existent sous de nombreuses formes et tailles et ont tout autant de significations et d’utilisations. Comment faire la différence entre les différents types de poupées japonaises ?

Certaines représentent des personnages historiques, d’autres sont plutôt la représentation d’une idéologie, d’autres encore sont juste pour le plaisir. La relation historiquement diverse et nuancée du pays avec les poupées est difficile à incarner dans un seul style et une seule figure. Pour vous aider à comprendre les différences entre les différents types de figurines japonaises, voici les poupées traditionnelles japonaises les plus populaires.

Poupée Kokeshi

Poupée Kokeshi

Originaire du nord-est du Japon, la beauté des poupées kokeshi réside dans leur simplicité discrète. Grâce à leur design populaire, leur forme durable et leur esthétique minimaliste typiquement japonaise, ces poupées constituent d’excellents souvenirs ou de subtils ornements.

Bien que leur origine reste un mystère passionnant, les historiens estiment que la première incarnation de la poupée kokeshi a été fabriquée quelque part dans la région de Tohoku pendant la période Edo (1603 – 1868). Bien qu’elles aient des points communs, comme l’absence de membres et des corps ornés de vêtements fleuris, les poupées kokeshi se déclinent en de nombreuses variantes. Elles sont généralement peintes à l’encre rouge et noire, mais présentent parfois des touches de jaune, de violet, de bleu et de vert. Certaines portent des postiches créés à partir d’un bloc de bois distinct, mais des variantes plus simples peuvent présenter des cheveux peints à la place.

Les poupées ne sont plus aussi omniprésentes dans la société qu’elles l’étaient autrefois. Cela dit, leur héritage demeure à travers le légendaire développeur de jeux vidéo et de consoles Nintendo, où les kokeshi ont servi d’inspiration pour les Mii, les avatars numériques de Nintendo.

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Daruma

daruma

De toutes les poupées traditionnelles du Japon, les Daruma sont peut-être les plus connues. Porte-bonheur emblématique acheté pendant la période du Nouvel An, les Daruma sont modelés à l’image mythologique de Bodhidharma, le fondateur du bouddhisme zen. Leur aspect bizarre, en forme d’œuf, avec un visage en colère et sans pupilles, est censé rappeler au propriétaire de la poupée l’importance de la persévérance, un concept fortement lié aux systèmes de croyances ascétiques orientaux. Lorsqu’une personne achète une poupée Daruma, elle est censée choisir un objectif ou une ambition puis colorier l’une des pupilles. Une fois l’objectif atteint, il peut alors remplir le deuxième œil.

Poupée oiran

Poupée oiran

Comme nous l’avons abordé avec les geta japonais, les oiran sont des personnages importants (bien que souvent négligés) de l’histoire du Japon. Semblables aux geishas par leur apparence et leur style, les oiran avaient des fonctions plus adultes. Pour faire simple, elles étaient des travailleuses du sexe. Mais elles avaient aussi des talents de divertissement en dehors de la chambre à coucher : elles étaient habiles dans les arts traditionnels, impressionnantes par leurs talents de narratrices, elles se produisaient et se divertissaient dans les maisons de thé pour l’aristocratie locale. Les poupées Oiran sont des représentations impressionnantes et très complexes de ces artistes disparus de l’histoire du pays du soleil levant.

Teru Teru Bozu

Teru Teru Bozu

Un teru teru bozu, ou moine brillant, est une petite poupée en papier qui ressemble à la représentation occidentale traditionnelle d’un fantôme. Ce qu’elles annoncent est par contre plus bienveillant : ce sont des talismans suspendus utilisés pour éloigner le mauvais temps ou les pluies excessives.

Ces poupées sont nées dans les communautés agricoles, avant que les citadins ne les adoptent au cours de la période Edo. Les familles créaient les poupées teru teru bozu et les suspendaient à l’extérieur des fenêtres de leurs maisons dans l’espoir qu’elles exercent leur magie pendant la nuit. Si le lendemain, le temps n’était pas clément et que les poupées n’avaient pas rempli leur fonction, elles étaient noyées dans du vin de riz et jetées dans une rivière voisine. Bien que leur heure de gloire soit passée depuis longtemps, les teru teru bozu sont encore utilisées occasionnellement dans les écoles primaires du Japon.

Poupée Karakuri

Poupée Karakuri

Les poupées karakuri, figurines mécaniques ou automates créés à l’époque d’Edo, sont les précurseurs de l’amour du Japon pour la robotique. Le terme karakuri, qui signifie “astuce”, est utilisé pour décrire la capacité cachée d’un objet à accomplir une tâche qui suscite l’admiration, un peu comme la bouche cachée du personnage emblématique de No-Face dans le film Spirited Away du Studio Ghibli.

À première vue, les poupées karakuri sont surtout décoratives. Toutefois, en y regardant de plus près, vous constaterez qu’elles sont dotées d’un mécanisme secret qui se déploie grâce aux mouvements de petits leviers internes sous l’effet d’une pression exercée de l’extérieur. Par exemple, une poupée immobile tient une assiette à deux mains vers l’extérieur, puis se déplace vers l’avant lorsqu’elle reçoit un bol de thé sur l’assiette. Souvent, les poupées karakuri exécutent des tâches superficielles comme servir le thé. Mais elles ont parfois des fonctions plus élaborées à des fins de divertissement.

Certains partisans pensent que cette forme de poupée traditionnelle japonaise a joué un rôle influent dans le développement des théâtres nô et kabuki, qui reposent tous deux sur des mouvements rigides et mécaniques.

Poupée Gosho

Poupée Gosho

Les poupées gosho, aussi appelées gosho ningyo, sont des figurines lisses et chérubines dont l’histoire remonte à 400 ans. Peu après leur apparition dans l’œuvre des maîtres artisans de Kyoto, elles sont devenues des cadeaux courants pour les daimyo qui visitaient la ville (qui était alors la capitale).

Les poupées Gosho sont des reconstitutions d’enfants en train de jouer et on dit qu’elles portent chance à leurs propriétaires. Leur style distinctif qui affiche une fusion de traits adolescents et d’une étrange qualité adulte touchant le visage, rappelle beaucoup les masques portés par les acteurs lors des représentations du théâtre nô. Posant souvent avec des accessoires et des objets, chaque poupée porte en elle une signification différente, comme la vénération, la joie, le plaisir et la fortune.

Okinawa Shisa

Okinawa Shisa

Dans les îles japonaises d’Okinawa, autrefois connues sous le nom de royaume Ryukyu jusqu’à leur annexion dans les années 1870, les poupées shisa sont des objets religieux courants. Inspiré de l’iconographie traditionnelle des temples chinois, un shisa ressemble à la progéniture d’un lion barbu et d’un canidé, et est souvent représenté par paires à l’entrée des temples. L’apparition de deux shisa à l’entrée d’un temple est censée protéger les fidèles des mauvais esprits qui tentent de pénétrer dans le lieu sacré.

Bien que les shisa des temples soient souvent sculptés dans la pierre, il existe aussi de plus petites poupées représentant ces gardiens spirituels, que l’on trouve à l’extérieur des maisons familiales et sur les étagères de décoration. Les shisa sont disponibles dans une grande variété de couleurs et de matériaux, mais ils sont toujours vendus par paires, l’un arborant des dents crochues, l’autre des lèvres pincées.

Poupée Kintaro

poupée kintaro

Kintaro, dont le nom signifie “garçon d’or”, est un célèbre personnage du folklore japonais. Enfant doté d’une force divine (un peu le Hercule que l’on connait par chez nous) il est apparu dans de nombreuses pièces de théâtre kabuki et bunraku au fil des siècles et est souvent représenté sous forme de poupée. Les poupées Kintaro peuvent être fabriquées dans divers matériaux comme du bois, de la céramique, de l’argile et dans certains cas, du plastique. De la peinture et du fil seront aussi ajoutés pour donner de la couleur à la poupée et pour faire office de cheveux et de vêtements.

Sous forme de figurine, Kintaro est souvent représenté avec un corps d’adolescent joufflu et de longs cheveux noirs habillés dans un style japonais traditionnel. Il porte un gilet rouge et or et tient une hache de guerre dans une main et une carpe dans l’autre. Kintaro est souvent exposé lors de la Journée des garçons dans l’espoir qu’il aidera ces derniers à grandir et à devenir des hommes forts et héroïques.

Poupée Kimekomi

Poupée Kimekomi

Habillées de vêtements japonais traditionnels et souvent représentées avec des traits de visage élégants, les poupées Kimekomi se trouvent dans les magasins de cadeaux et les ateliers d’artisanat spécialisés du Japon. Le terme kimekomi, qui fait référence aux vêtements, est une technique artisanale créée à Kyoto au début des années 1700 et affinée au cours des siècles suivants.

La technique consiste à découper des motifs dans de la mousse dure ou du bois tendre, puis à insérer des couches de tissu dans les découpes avant de les appliquer sur la poupée. Bien que les poupées kimekomi soient aussi décoratives que symboliques, elles ont des liens étroits avec le sanctuaire Kamigamo à Kyoto, que leur créateur original a contribué à créer.

Iki Ningyo

Iki Ningyo

Les iki ningyo, ou poupées vivantes, sont les poupées japonaises traditionnelles les plus réalistes. Comme beaucoup d’objets d’art et d’artisanat, les poupées iki sont devenues populaires pendant la période Edo comme pièces maîtresses des misemono. Dans des cas plus rares, des membres infatués des classes supérieures étaient aussi connus pour constituer leurs propres collections privées.

Les poupées se caractérisent par leur forme humaine, de la taille et des dimensions du corps aux subtilités du visage. Souvent, les têtes sont faites de bois recouvert de pâte de coquillages broyés. Pour que les traits du visage soient aussi réalistes que possible, on utilise du verre poli pour les yeux, de l’ivoire pour les dents, bien que l’os soit un matériau plus courant aujourd’hui, et des cheveux humains ou de la fourrure animale pour la tête et les cils.

Poupée Gogatsu

Poupée Gogatsu

Le pendant du hinamatsuri, Tango-no-Sekku, est un festival japonais traditionnel qui se tient le 5 mai et qui est connu en anglais sous le nom de journée des garçons. Comme la journée des filles, la journée des garçons célèbre les jeunes garçons de la nation et comporte des présentoirs sur lesquels se trouvent des poupées symboliques. Les Gogatsu ningyo, c’est-à-dire les poupées guerrières, sont placées au sommet du présentoir et portent une armure de samouraï, avec des armes comme des épées, des arcs et des flèches placées de chaque côté d’elles.

Le rituel du festival, vieux de 1200 ans, a commencé par des offrandes votives de racines de calamus pour éloigner les mauvais esprits. Il s’est ensuite transformé en une journée des garçons au cours de laquelle les communautés priaient pour que leurs fils réussissent au combat. Dans la version moderne de l’événement, les participants demandent toujours aux dieux d’assurer le succès et la fortune de leur progéniture mais dans des entreprises moins assoiffées de sang.

Poupée Hachioji Kuruma

Poupée Hachioji Kuruma

Le Kuruma ningyo, qui signifie littéralement “poupée voiture”, est une forme rare de théâtre de marionnettes dans laquelle les marionnettistes se déplacent dans la salle de spectacle à l’aide d’un petit chariot en bois. Cet artisanat de la période Edo a été développé dans le quartier de Hachioji à Tokyo au XIXe siècle, mais les poupées qui servent de personnages dans un spectacle de kuruma ningyo, ont une histoire qui remonte aux années 1600.

Le bunraku, le style de théâtre de marionnettes traditionnel du Japon, a pris de l’importance à cette époque grâce aux œuvres d’auteurs légendaires, comme Chikamatsu Monzaemon dont les pièces sont encore jouées aujourd’hui. La différence entre le bunraku et son successeur spirituel réside toutefois dans le fait qu’il faut trois personnes pour manipuler les marionnettes de plus d’un mètre de haut. Alors qu’avec le kuruma ningyo, la flexibilité du chariot en bois permet à un seul marionnettiste de manipuler la poupée plus facilement.

Poupée Kyo

Poupée Kyo

Également connues sous le nom de Kyoto Ningyo, les poupées Kyo ont été créées pour jouer un rôle plus sophistiqué et décoratif dans la société japonaise. Fabriquées à l’aide de techniques japonaises classiques transmises par les artisans de la région, les poupées de Kyoto sont en fait le fruit d’une collaboration entre certains des artisans les plus qualifiés de la région. Souvent, chaque partie de la poupée est créée par un expert distinct : les membres par une personne, la tête et les cheveux par une autre, et les vêtements par un maître du textile. En raison de tout le travail nécessaire à la fabrication de ces poupées, elles sont plutôt chères, mais créées pour durer, devenant souvent un héritage familial précieux. Cet exemple est en quelque sorte une exception, car il est l’œuvre du célèbre fabricant de poupées Menya Shoho.

Poupée Hinamatsuri

Poupée Hinamatsuri

Hinamatsuri, également connu sous le nom de Journée de la poupée ou Journée des filles, a lieu le 3 mars. Reconnu dans tout le pays, Hinamatsuri est une célébration des filles japonaises. Pendant les festivités, les familles prient pour des mariages heureux et un avenir prospère pour leurs filles. De nombreuses personnes exposent un ensemble de poupées ornementales, connues sous le nom de poupées hina, sur des plateformes recouvertes de tissu rouge. Les poupées, habillées de vêtements de la période Heian (794 – 1185), représentent l’empereur, l’impératrice et d’autres membres de l’aristocratie.

L’événement est aussi célébré dans des sanctuaires à travers le Japon, dont l’un des plus remarquables est le sanctuaire de Shimogamo à Kyoto qui accueille un événement connu sous le nom de Nagashi Bina. Au cours du Nagashi Bina, un couple vêtu de vêtements élaborés de style Heian place de petites poupées hina dans le cours d’eau voisin. Une assemblée de spectateurs fait de même. Le but de ce rituel est d’imprégner les poupées du pouvoir de protéger les petites filles des mauvais esprits.

Marionnette Bunraku

Marionnette Bunraku

Comme indiqué, les marionnettes bunraku sont utilisées dans les spectacles de bunraku ou de kuruma ningyo. Les marionnettes bunraku sont faites de bois et n’ont pas de corps. Seuls la tête, les mains, les jambes et les pieds sont fabriqués, tandis que le torse est simulé à l’aide d’un kimono ou d’un autre vêtement traditionnel japonais.

Les têtes des poupées bunraku sont souvent complexes, interchangeables et très animées. Les différents éléments de la tête bougent aussi pour exprimer des émotions et simuler des dialogues. Plusieurs têtes peuvent être créées pour un même personnage avant d’être interchangées au cours du spectacle afin de traduire les changements erratiques d’émotion ou le processus de vieillissement.